Je m'adresse en ce jour à vous, lecteurs inconscient de ce blog décadent faisant l'apologie de la musique du diable, pour vous montrer l'hérésie de vos folles passions, pour vous amener à la raison, pour vous permettre d'expier vos pêchés et de vous repentir dans l'amour inconditionnel du tout-puissant.
C'est de façon totalement anonyme que je vous écrit afin, d'une part, de préserver ma sécurité personnelle et, d'autre part, de pouvoir vous rendre compte des prochains agissements de ce mouvement maléfique. Voici mon chemin de croix.
Tout à commencé il y a près d'un an. J'étais à l'époque suspicieux face aux activités de certains membres de votre communauté, que je soupçonnais d'oeuvrer au sein d'une secte sataniste. Grâce à l'internet, et à l'anonymat qu'il procure sur les forums de discussions, j'ai pu aisément observer les échanges de personnes influentes qui montraient un intérêt très marqué envers la création d'une nouvelle entité, lancée par le festival de l'enfer, et prévoyaient de rejoindre ce qui devait s'appeler le "Hellfest Cult", ou "culte du festival de l'enfer", nom relevant en lui même de l'hérésie la plus totale.
Ce soit disant "fan club" se voulant basé sur le secret des informations y circulant, je décidais alors qu'il était temps pour moi d'aller plus loin dans mon entreprise. Les paroles sont une chose, mais il me fallait pouvoir observer le comportement de ces adorateurs du diable. C'était là la seule solution pour enfin mettre un terme à leurs agissements et faire éclater la vérité sur le public de ce type de rassemblements. J'ai donc créé une fausse adresse e-mail, une boite postale avec un justificatif de domicile bidonné pour recevoir le kit du parfait petit sataniste qu'est la "coffin box" (boite cercueil) , et une carte de paiement prépayée anonyme que l'on trouve en bureau de tabac, et ai consenti à faire le sacrifice d'un peu de menue monnaie pour le bien de tous.
Au premier abord, je fus assez déçu par le contenu de cette boite. Un morceau de tissu avec velcro affichant le mot "disciple", confirmant par cette appelation le bien fondé de mes craintes, un vêtement noir arborant un logo en forme de crâne et d'ossements, fait pour montrer son appartenance à la secte dont les membres se reconnaitront alors plus facilement, des plaques en plastique servant de carte de membre, faites pour ceux qui voudraient se montrer plus discrets, un tour de cou avec toujours ce même logo, un autocollant, un autre bout de tissu à coudre sur un vêtement, le tout dans une petite boite en carton. Il fallait voir l'évidence: les cerveaux de cette entreprise avaient tout prévu pour éviter de se faire remarquer par les services postaux en cas de colis perdu, et avaient préféré éviter de transmettre leurs pentacles, croix retournées, et autres échantillons de sang de vierge, par un moyen qu'ils ne maîtrisaient pas totalement. Il me faudrait donc me déplacer pour obtenir les preuves les plus accablantes.
J'ai alors attendu que les adorateurs du malin organisent un de leurs rassemblements occultes, et cela ne se fît pas attendre. Malheureusement, cet évènement se déroûlant dans un lieu public, ils ne firent que parler autour de nombreuses bières en écoûtant leurs incantations démoniaques et leurs appels à la haine d'une oreille discrète, hurlant un refrain maléfique de temps à autre. Cela me valu d'horribles maux de tête, d'une part à cause du bruit infernal causé par leurs voix et enceintes, et d'autre part à cause de la bière (breuvage répugnant que je dus consommer afin de mieux m'intégrer et de pouvoir être invité à leur prochain meeting satanique sans éveiller les soupçons).
A mon plus grand damn, chacune des soirées que je fît ensuite se déroûlant dans un lieu public, je ne puis trouver les preuves que je cherchais. Tout du moins, pas dans un premier temps, Il me faudrait m'armer de patience et attendre onze mois pour que l'occasion se présente enfin.
Au mois d'avril, pendant la grand messe de Pâques à laquelle j'assistais, ce qui s'annonçait comme une soirée de plus passée à boire de la bière en faisant souffrir mes tympans s'était avéré être un rassemblement caché dans un lieu tenu secret: le quartier général de la secte, temple du diable, officiellement présenté comme les locaux de "l'association" Hellfest Prod. Les participants se rendirent même en pèlerinage sur les terres maintenant maudites du festival Hellfest.
Je pensais alors avoir râté ma chance. C'était sans compter sur l'activité grandissante de ce culte. Finalement, une autre "soirée" fût prévue pour le mois d'octobre. Je dûs alors me défaire d'un peu plus de mes revenus pour pouvoir avoir enfin l'occasion de mener à bien ma quête de vérité.
En ce samedi 4 Octobre, je me rendis donc à Clisson, vêtu des affreuses guenilles que portent les adorateurs du diable. J'arrivais un peu en retard sur l'horaire prévu, mais par chance celui-ci était donné en avance, pour que les organisateurs soient sûrs que leurs membres probablement déjà dans un état second ne mettent en péril le planning serré de leur rassemblement occulte. Je fis alors la connaissance de ceux qui partageraient ma chambre car, (une fois de plus afin de ne pas éveiller les soupçons), je pris la décision d'être hébergé parmis eux, du moins officiellement. Après avoir échangé quelques mots au sujet de l'excitation ambiante, nous nous rendîmes devant l'entrée du gîte, point de départ d'une marche en direction du château en ruine de la ville. Je voyais alors plusieurs groupes se former, et alors que les personnes les plus influentes dans la "hiérarchie" officieuse de cette secte anarchiste étaient occupées à ordonner leurs troupes, je pu rencontrer un de leurs grands gourous, présenté sous le pseudonyme d'Alexxx. Ce dernier semblait montrer un grand intérêt à communiquer avec les "disciples", probablement dans l'espoir de démasquer d'éventuels intrus. Par chance, j'avais pu constater que de nombreuses personnes (semblant appartenir au noyau le plus actif de ce mouvement anti-chrétien) se répétaient la même phrase: "tu viens d'arriver, je te sers quelque chose?". D'abord intrigué, je compris ensuite que cela devait être une sorte de mot de passe, dont la réponse signifiait l'attachement au malin. Alors que les plus discrets semblaient un peu perplexe, les plus intégrés répondaient du tac-o-tac. Je les imitais. "Mets moi un jack' s'il te plait", armé d'un grand sourrire. Par chance, il ne remarquait point le goutte de sueur perler sur mon front, et me répondis, confiant, qu'il était heureux de me rencontrer.
Nous prîmes ensuite le chemin du château, en une longue file désordonnée. De nombreux membres marchaient sur la route, probablement de peur de rester sur un trottoir étroit et de se montrer ainsi trop conformistes, poussant les pauvres automobilistes terrifiés par cette procession funeste à ralentir et à serrer du côté opposé de la route. Dans son vice une disciple (visiblement influente et bonne connaisseuse des lieux), désignée pour guider cette troupe bruyante, choisit de faire gravir à ses collègues buveurs de bière (qui ne se séparaient pas de leur breuvage pendant qu'ils marchaient) une longue rampe d'escaliers, probablement dans le but d'accélerer la montée d'alcool et donc leur déchéance.
Nous arrivâmes dans la cour du château, et l'attente de la visite fût aussi l'occasion pour les organisateurs de distribuer des tickets repas, des étiquettes avec pseudonymes, des t-shirts au logo démoniaque, mais aussi des tickets de tombola. Ce fût là une nouvelle épreuve à passer pour moi car, ceux-ci étant volontairement mélangés dans le but de pousser les disciples à se rencontrer et à échanger, je dus à nouveau faire preuve d'intelligence et d'adaptation pour ne pas être remarqué. Après avoir réussi tant bien que mal à récupérer celui m'étant destiné, et après m'être un peu plus fait accepté par ce culte, nous nous déplaçâmes vers une seconde cour du chateau, précédés d'une guide souriante, inconsciente du danger de sa situation.
Par chance, cette cour assez fermée accueillait un groupe de touristes qui, intrigués mais visiblement inquiets observaient la scène de loin, prêts à fuir à la moindre alerte. Après une photo de groupe prise du haut d'un mur, sans se soucier de la sécurité, pendant que tout le monde devait scander (me contraignant à hurler à mon plus grand désarroi) le nom "hellfest", par le photographe officiel de l'évènement (il semblerait qu'officieusement, il ait prévu de se sacrifier en sautant, mais que la présence de touristes ait mis à mal ses projets, chose confirmée par les demandes de mise à nu répétées de l'audience), Alexxx prit la parole, afin de remercier l'assemblée, et de donner quelques consignes quand au bon déroulement de ce rassemblement. Parmis celles-ci, il fût répété de ne pas prendre de photos permettant d'identifier et de reconnaître les locaux dans lesquels se dérouleraient la suite du rassemblement, dans le but de préserver leur "intimité". Il était alors clair que j'allais pouvoir assister à une messe noire, et ainsi apporter les preuves du bien-fondé de mes craintes.
Les membres du bureau de l'association Hellfest Cult Events, organisateurs de la soirée, fûrent alors présentés. Ils présentèrent alors l'association, destinée à organiser ailleurs d'autres rassemblements et à permettre aux disciples de faire de même plus facilement, prouvant ainsi la volonté de cette secte à s'étendre et à attirer de nouvelles âmes perdues, avant de donner quartier libre aux troupes. Celles-ci se séparairent alors pour visiter en autonomie une partie du château, semblant reconnaître immédiatement d'anciennes latrines et montrant ainsi un intérêt particulier aux lieux fétides, ou pour parler de l'organisation de futurs évènements. Une petite pluie fine s'invitat alors, et il est intéressant de remarquer que l'eau, symbole de vie, fit fuir une grande partie des personnes présentes vers des lieux abrités (ce que j'imitais afin de ne pas compromettre ma couverture), ce qui confirme l'idée que les forces du mal craignent l'eau, ceux restant à la merci des éléments montrant soit leur témérité, soit leur ignorance face au risque de se voir gravement brûlés. Malheureusement, les précipitations s'arrêtèrent avant que l'un d'entre eux ne se mette à se décomposer en un nuage de fumée, et tous reprirent ensuite la route en direction du lieu qui devait accueillir la grande messe noire.
Les esprits commençaient alors à s'échauffer, et sur la route, certains tentèrent d'aguicher de jeunes pucelles dans le but de les entrainer vers des lieux de perdition. Ils ne purent cependant parvenir à leurs fins, et se contentèrent de sacrifier une autre bière en marchant. C'est après plus de vingt minutes de marche dans un dédale rectiligne de sous-bois qui m'empêchera malheureusement de vous dévoiler l'emplacement exact de ce qui va suivre que nous arriverons enfin à destination: Les locaux de Hellfest Prod, Vatican satanique du "culteux".
Ils commençèrent alors à diffuser leurs sonorités infernales dans les hauts parleurs (à volume modéré, ce qui semble étrange mais est en fait le début d'un crescendo), buvant toujours plus de bière, de ricard, et de punch (en évitant une fois de plus d'être désintégrés par une forte pluie d'une demi-heure), en parlant fort et avec un langage cru. Après un nouveau discours et la désignation d'une main "innocente" (probablement une tentative pour démasquer un intrus qui s'avéra être un échec puisque personne ne se désignât autrement que pour faire une blague douteuse) pour la tombola (qui comportait comme lots les plus prisés plusieurs sérigraphies signées par les membres infernaux de formations démoniaques telles que "Emperor" ou "Behemoth"), tous commencèrent à boire des alcools plus forts, le volume de la sonorisation fût augmenté de plusieurs niveaux, puis ils se rassemblèrent pour consommer un burger probablement préparé à partir de la viande d'un pauvre bovin sacrifié suivant un rituel satanique précis.
C'est à ce moment que les choses commencèrent à déraper. Pris de frénésie, de nombreux membres se mirent à se jeter les uns sur les autres avec violence, renversant leurs boissons, hurlant, courant en rond sous l'oeil malveillant d'un énorme motif de crâne lumineux au plafond. J'étais terrorisé. Les enceintes hurlaient des cantiques venus du plus profond des enfers, et certains commençaient à se dénuder, aidés par des disciples moins alcoolisés qu'eux. Alors que plusieurs commençaient à entrer dans une sorte de transe maléfique, des représentation de gargoyles furent jetées sur la foule sous la forme de crocodiles, requins et dauphins gonflables, probablement par manque de granit, poussant à une euphorie encore plus grande. La lumière principale fût éteinte, et le mouvement n'était plus alors représenté que par les flashs sacadés de visages aux yeux exhorbités sous l'effet de l'alcool et de la viande de vache sacrifiée des burgers. Ces visages étaient rattachés on ne sait trop comment à des bras et à des jambes qui volaient dans tous les sens en se tortillant, parfois sous l'apparence d'un corps en caleçon porté par des torses nus laissant apparaître des tatouages occultes, eux mêmes soutenus par des jambes encore vétues.
J'arrivais malgré tout à ne pas fuir à toute jambes (j'aurais alors courru à ma perte en ruinant ma couverture) en sortant m'aérer régulièrement, profitant du bruit d'une rivière. Ces moments étaient malgré tout souvent ruinés par les discussions étranges de certains membres de l'assemblée, débattant du bien fondé de tel ou tel changement de membre dans un groupe de métal satanique underground ou se demandant lequel finirait en premier par vomir tripes et boyaux en vidant leurs verres et en riant aux éclats.
Visiblement déçus par l'échec de leurs incantations, certaines personnes commencèrent à quitter les lieux alors que l'ambiance se faisait de plus en plus brutale. Je vis alors des femmes et des hommes embrasser des personnes du même sexe ou du sexe opposé, et priais intérieurement pour ne pas être contraint de participer à une orgie qui aurait signifié pour moi soit mon sacrifice après avoir été démasqué en fuyant, soit la perte de ma place au paradis (et de ma virginité), ce à quoi je ne pouvais me résoudre. Heureusement, les choses en resteront à ce stade. Malheureusement, je ne puis prendre de photographies de ce moment, ayant oublié de charger les batteries de ma boîte à images.
Passé les quatres heures du matin, nombreux furent ceux qui baissèrent les bras, ne voyant aucun de leur cantiques avoir de l'effet, sentant qu'ils n'arriveraient pas à invoquer le moindre démon mineur, tous commencèrent à se retourner vers leurs lieux de villégiature. Seule une petite poignée des presque 150 personnes présentes continua de se tordre au milieu de la pièce devant des enceintes poussées au maximum pour compenser le manque de chair à sacrifice.
Je partais parmis ces derniers, et après avoir marché à la lumière quasi inexistante d'une lampe torche, manquant à plusieurs reprises de sombrer dans les abîmes sans fond d'un tas de feuilles mortes, déséquilibré sous l'effet de l'alcool, réussi tant bien que mal à rejoindre la couche qui m'était attribuée Je dus me cacher dans les toilettes pour prier et expier mes péchés, et fini par sombrer dans un profond (mais trop court) sommeil, en sécurité, sans avoir mis à mal ma couverture.
Le lendemain, nombreux sont ceux qui se rassemblèrent pour partager les impressions de la nuit en mangeant une paëlla (probablement préparée avec les restes de poulets sacrifiés à la gloire du malin quelques jours plus tôt, et de riz sacrifié à la gloire des sécrétions vaginales au vu de sa texture). Les avis se rassemblaient tous sur plusieurs points:
-L'alcool fait pousser les cheveux à l'envers, même quand ils sont déjà très longs et ne semblent plus pousser
-La nuit était trop courte pour pouvoir invoquer le diable, il faudrait qu'elle dure au moins trois jours (et encore)
-La paëlla n'était pas bonne (il faudra penser à sacrifier le cuisinier ou à en changer si on ne le retrouve pas)
- Et, enfin, ce n'était que partie remise, d'autres soirées sont déjà en préparation.
Je serais là, une fois de plus, parmis vous, pour vous démasquer. Jamais vous ne saurez qui je suis.
Gloire au Hellfest...
Gloire au Jack Daniels
Gloire à Dieu.
N'abusez pas du mal, c'est l'alcool (j'ai inversé, pardon)
Vous venez d'arriver, je vous sers quoi?