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Hellband #149 Killing Joke

Publié le 8 Juin 2015 par Aurore in Hellfest, 2015, hellbands, Angleterre, Samedi 20 Juin, Mainstage 02, Post-Punk, Industriel, New Wave

Hellband #149 Killing Joke
Hellband #149 Killing Joke

Salut les Metalleu(ses)x !

 

Aujourd'hui sur Hellfan, on vous gâte ! Certes, le groupe présenté ne devrait pas faire l'unanimité en raison du genre légèrement décalé, cependant l'influence que cette formation a eu sur de nombreux groupes est tellement incontestable qu'il nous paraissait évident de vous délivrer une chronique digne de ce nom ! Alors, direction la Mainstage 2 pour danser sur les rythmes mêlant Post-Punk, New Wave et Indus des Britanniques de KILLING JOKE !

Selon la légende, c'est à la toute fin de l'année 1978 à Londres que le coup de foudre se serait produit entre Jeremy "Jaz" Coleman et le batteur Paul Ferguson après que le premier ait évoqué ses aspirations musicales à un ami rencontré dans la file d'attente du Pôle Emploi britannique et que celui-ci décide de les faire se rencontrer. La magie opère immédiatement entre les deux musiciens qui comprennent qu'ils sont destinés à créer ensemble de la musique que le maître du tempo qualifiera de "son que ferait la Terre en vomissant". Afin de compléter ses rangs, le duo passe ensuite une annonce dans le journal spécialisé Melody Maker en faisant la proposition suivante : "Vous souhaitez faire partie de la Blague qui Tue ? Publicité Totale – Anonymat Total – Exploitation Totale". Cela va se révéler payant puisque Kenneth "Geordie" Walker et Martin "Youth" Glover, respectivement à la guitare et à la basse, seront rapidement recrutés en 1979, donnant ainsi vie à Killing Joke, dont le nom provient d’une expression britannique faisant référence à une situation ou un événement paradoxal, ironique. Le combo écrit ses premiers morceaux et commence à se produire en concert, lui permettant déjà de se forger une assez bonne réputation.

 

Le quatuor part s'installer dans le quartier de Notting Hill Gate, pour y enregistrer son premier Single, "Almost Red", grâce à l'argent emprunté par Coleman à sa copine de l'époque. L'impact va être immédiat puisque ce titre va leur ouvrir les portes de la sulfureuse émission de radio de John Peel (DJ, animateur et journaliste anti-conformiste ayant contribué à faire découvrir une multitude d'artistes qui, sans son concours, seraient sans doute restés dans l'anonymat) sur la station BBC Radio 1, faisant de Killing Joke l'un des groupes les plus populaires parmi ceux diffusés par ce biais. Avant la fin de l'année 1979, le groupe signe avec la société d'édition musicale détenue par Universal Music, Island Records, qui le soutient financièrement dans la création de son propre label, Malicious Damage, avec lequel il va sortir son premier EP Nervous System / Turn to Red, toujours en 1979. Dès l'année suivante, en 1980, la bande délivre son premier album, Killing Joke, sur Malicious Damage par le biais d'EG Records (une filiale de la compagnie anglaise EMI), contenant 8 titres seulement, avec une simple pochette en noir et blanc et sans mention des noms des musiciens. Le titre "Change" deviendra rapidement un tube, notamment dans les clubs branchés, ouvrant les portes des États-Unis à la jeune formation.

 

Le combo ne s'arrête pas là et compose l'ensemble des morceaux de l'album suivant, What's THIS For... !, alors qu'il est déjà en studio, tandis que pour le premier opus, les musiciens avaient pu travailler une année entière avant de passer à la phase d'enregistrement. Les 8 titres sortent en juillet 1981 toujours avec EG Records et permettent à Killing Joke de développer son propre son, basé notamment sur la prédiction de la fin prochaine de la raison et du retour à un type d'homme plus primitif. La pochette annonce la couleur : une mère de famille contemple un champignon atomique, illustrant l'humour pervers et cynique du combo, qui part ensuite en tournée mondiale. À la suite de celle-ci, les musiciens partent travailler en Allemagne avec Conny Plank (ingénieur du son ayant également financé certains des enregistrements les plus créatifs de la musique européenne d'après-guerre, aussi bien dans le Rock Progressif que dans la musique électronique et ayant notamment travaillé sur le célèbre titre "Der Mussolini" de D.A.F. Ainsi que sur plusieurs albums de Kraftwerk) première collaboration avec un producteur n'appartenant pas à la formation et qui aboutit à un troisième album, Revelations, qui paraît en juin 1982 toujours avec Malicious Damage et EG Records. Tout au long de cet opus anonyme composé de 10 titres, le groupe explique la pression à laquelle il est soumis, aussi bien sur le plan personnel et relationnel qu'au sein de l'industrie musicale.

 

Killing Joke hésite quant à la direction musicale à suivre et c'est la perspective d'une seconde tournée mondiale qui fait déborder le phase : les musiciens craquent et se séparent. Le soir de son anniversaire, Jaz Coleman, au bord de la dépression nerveuse, quitte précipitamment la formation après un concert et se réfugie en Islande. Il choisit cette destination afin d'être en sûreté lorsque la fin du monde se produira à la suite d'un conflit nucléaire, comme le pense le Frontman et certains de ses interlocuteurs mystiques. Geordie Walker le rejoint et le duo va enregistrer brièvement avec un groupe local, Peyr, tandis que Youth et Ferguson forment leur propre groupe, Brilliant, le premier étant souvent en conflit avec Jaz. Mais avant la sortie d'un album, le batteur quitte le groupe et cette succession d’événements va faire largement parler dans la presse spécialisée. Youth sort finalement un Single, "That's What Good Friends Are For", qui signifie littéralement "C'est pour cela que les amis sont faits", tel un appel du pied envers ses anciens camarades mais Coleman rejettera cette offre mais rejoindra finalement Walker et Ferguson avant de recruter un nouveau bassiste alors inconnu et sans expérience, Paul Raven. Le quatuor fraîchement reformé part sillonner l'Europe et l'Amérique du Nord lors d'une nouvelle tournée et pendant une série de concerts à Toronto, le groupe enregistre ce qui donnera naissance à un Maxi 6 titres, "Ha" Killing Joke Live, qui sortira dès 1982.

 

Le combo signe ensuite chez Polydor puis entreprend de trouver un nouveau public pour ses albums, virage qui prêtera à controverse, d'autant plus que Youth avait formulé la même demande avant la séparation temporaire du groupe, séparation après laquelle il se fait remplacer. Le résultat ne se fait pas attendre et c'est dès 1983 que sort le quatrième album studio, Fire Dances, premier opus dans lequel les membres apparaissent en photo dans le livret. Les 10 nouveaux titres présentent des styles musicaux plus variés et certains d'entre eux, comme "Frenzy", "Harlequin" et "Let's All Go (to the Fire Dances)", choisi comme Single de lancement, deviendront des classiques. Après une courte période de silence, le quatuor devient en 1984 un quintet après l'arrivée de Dave Kovacevic au clavier et sort deux Singles sous forme de vinyle, "A New Day" et "Eighties", qui seront plus diffusés à la radio qu'aucun de leurs titres précédents, avant de repartir en tournée. Fort de son nouveau succès, Killing Joke en profite pour sortir un cinquième album en 1985, Night Time, enregistré à Berlin et basé sur des sons de claviers mélodiques typiques de l'époque ainsi que sur la guitare. Le titre "Love Like Blood" fera de nouveau danser dans les clubs américains et européens, explorant différentes influences du Rock Gothique à la Dance mais avec un côté Pop, rendant le morceau accessible au plus grand nombre. Une version Maxi de ce titre sort en France avec un son de batterie plus présent et suscite l'engouement auprès d'un public plus large.

 

C'est alors que s'opère un tournant délicat dans la carrière du groupe, qui signe en 1986 son sixième album, Brighter Than A Thousand Suns, dont le nom, qui signifie littéralement "plus brillant qu'un millier de soleils", provient d'une description japonaise de l'explosion nucléaire d'Hiroshima. Mais ce nouvel opus, dont les Singles ne seront que peu diffusés à la radio, ne connaîtra pas le même succès que les précédents, notamment en raison de la presse qui lui réserve un accueil mitigé, regrettant un son trop sage, traînant et presque mou ainsi que l'absence de clavier. En 1987, le batteur qui également le co-fondateur du groupe, Paul Ferguson quitte Killing Joke et sera brièvement remplacé par Jimmy Copley. Dans la foulée, Jaz Coleman rentre en studio et commence à enregistrer un album solo mais Virgin et E G Records, sans demander son accord, décident d'utiliser le nom de Killing Joke, qui sera plus vendeur, donc plus rentable. Les labels, perdant patience car les délais sont déjà dépassés faisant exploser le budget, exercent une forte pression sur Coleman pour que celui-ci réalise l'album au plus vite. Les séances d'enregistrement sont tellement tumultueuses que Raven et Copley préfèrent quitter la formation, le premier en profitant pour rejoindre Prong. C'est donc en toute hâte que les 8 morceaux, tous co-signés par Walker et Coleman, sont finalisés et le septième album, Outside The Gate sort en 1988, mais jugé décevant, cet opus reçoit un accueil glacial de la critique, reprochant un excès de mélodrame pompeux, de paranoïa et de nihilisme tant le Frontman est obnubilé par la fin du monde, malgré l'effort porté à l'incorporation des nouvelles tendances musicales comme la chant rapé. Dans la foulée, le groupe décide de se séparer à nouveau mais entame tout de même un procès contre la maison de disques, entraînant la ruine tant morale que financière de la formation.

 

L'année suivante, en 1989, les musiciens décident de revenir sur le devant de la scène en partant pour une tournée américaine au cours de laquelle ils se produisent dans des petits clubs. Le but est de trouver un nouvelle maison de disques, puisque le groupe est boudé par les distributeurs depuis la sortie précédente mais aussi de payer les frais de justice élevés. C'est à cette occasion que de nouveaux musiciens font leur apparition : dans un premier temps, Andy Rourke, ancien bassiste des Smiths effectue quelques concerts puis cède sa place pour d'obscures raisons à Dave "Taif" Ball, bassiste de scène qui ne figurera sur aucun album. Martin Atkins, ex-Public Image Ltd. et surtout fondateur de Brian Brain pour lequel il a été batteur et chanteur jusqu'à la séparation de la formation en 1989, prend la relève derrière les fûts. Le groupe ne dispose que de peu de moyens financiers et la tournée s'effectue dans des conditions difficiles, ce qui n'empêche pas le quintet d'envoyer des sets intenses avec de nombreux nouveaux morceaux. Dave Kovacevic quitte le combo en 1990 et c'est John Bechdel, ancien membre de Brian Brain comme le bassiste fraîchement recruté, qui le remplace pour assurer les concerts, celui-ci prenant également en charge la programmation. De son côté, Ball se fait également éclipser pour permettre à Paul Raven de récupérer sa place de bassiste abandonnée deux ans plus tôt, juste à temps pour l'enregistrement du prochain album. À l'occasion d'une représentation à New York, Coleman fait un petit discours contre l'industrie du disque, à qui il reproche d'avoir "avalé, broyé et recraché" Killing Joke. Cette allocution est filmée pour l'émission de MTV, 120 minutes permettant ainsi aux fans d'entendre son message. Le célèbre chanteur évoque également le rachat des droits sur le nom du groupe, droits qu'il partage avec "Big Paul" Ferguson et revient également sur les tumultes rencontrés récemment mais qui ne semblent pas encore être complètement surmontés puisque peu de directeurs artistiques ne se déplaceront pour les voir.

 

Après cette série de concerts, Killing Joke change de stratégie pour tenter de reconquérir sa popularité et c'est dans cette optique qu'est créée une équipe de fans, The Organization Of The Distant Island Chapter, chargée de vendre le merchandising à l'effigie du groupe, dans la ville où le batteur réside, Chicago. Le groupe diffuse également la vidéo d'un de ses concerts et c'est à cette époque que sort, en collaboration avec Invisible, le label d'Atkins, le vinyle The Courtauld Talks, qui est en fait une conférence de Coleman sur l'occultisme et le mysticisme avec un fond musical constitué par la guitare de Walker et les percussions de Jeff Scantlebury, connu depuis les années 1980 pour ses collaborations avec Culture Club et Boy George. Le combo signe finalement pour un unique album avec Noise Entertainment, filiale du conglomérat allemand BMG, qui imagine que le quintet veut se faire une place sur la scène alternative. Dans la foulée, toujours en 1990, le huitième album studio, Extremities, Dirt And Various Repressed Emotions, voit le jour et sonne comme un retour au style original de la formation, avec ses influences Post-Punk et ses textes politiquement engagés, le tout sur un son volontairement bien sale. Ce nouvel opus, qui deviendra l'un des albums majeurs du combo, rompt avec la culture de l'époque de par son côté brutal et désespéré mais constitue également une retranscription des nombreuses déconvenues rencontrées par Coleman et ses musiciens au cours des années précédentes, telle une avalanche de colère et de sarcasmes. Le quintet s'embarque dans la foulée pour une brève série de concerts en Europe et en Amérique du Nord avant de sortir un premier coffret, An Incomplete Collection, contenant les 5 premiers albums et édité à 4000 exemplaires qui seront rapidement épuisés. Mais les difficultés sont loin d'être résolues : deux fortes personnalités, Atkins et Coleman, s'opposent au sein du combo dès 1991, le second estimant notamment que le premier cherche à l'évincer. Cela entraîne de fréquentes tensions jusqu'à une nouvelle dispersion des membres, que l'on pourrait qualifier de départ massif, puisque le batteur entraîne avec lui, Raven et Bechdel qui quittent tous les 3 Killing Joke, dont la carrière va de nouveau être mise entre parenthèse pendant quelques années.

 

Pourtant dès 1992 se produit un événement qui constituera un nouveau tournant pour Killing Joke : Virgin Records décide de financer la compilation Laugh ? I Nearly Bought One ! et fait appel à "Geordie" Walker pour s'assurer que les titres choisis soient les plus représentatifs du groupe. C'est à cette occasion qu'il décide de contacter Martin "Youth" Glover, le tout premier bassiste de la formation, devenu depuis producteur renommé et qui a créé sa propre maison d'édition en 1991, dans l'espoir d'obtenir de vieilles photos du combo pour illustrer le livret de l'album à venir. Les 17 morceaux sélectionnés sortent dés le mois d'octobre offrent une rétrospective de la production musicale de la formation entre 1980 et 1990. Il est important de souligner qu'il s'agit d'un des seuls opus ayant bénéficié du soutien financier substantiel d'une Major, Virgin Records, qui assume l'intégralité des coûts de productions. Les deux musiciens retrouvent leur complicité, incitant Glover à proposer la reformation du combo, qui va rapidement signé avec Zoo Entertainment, une division de BMG. Le trio historique recrute alors Nick Holywell-Walker au clavier et à la programmation ainsi que Geoff Dugmore à la batterie, ce dernier ayant commencé sa carrière très jeune au sein de The Europeans notamment. À noter que cette année-là, Nirvana sort son fameux "Come As You Are" et que le combo criera au plagiat, en raison du thème de guitare identique à leur vieux succès "Eighties". La controverse existe encore aujourd'hui entre plusieurs protagonistes et des journalistes musicaux, certains expliquant qu'aucune action en justice n'a été entreprise, d'autres soutenant que la procédure aurait été rejetée par le tribunal avant même que celle-ci ne soit ouverte. D'autres rumeurs évoquent bien un procès mais évoquent le rejet de la demande des plaignants par le juge ou bien l'extinction des poursuites suite au décès du leader du groupe incriminé. Coleman déclarera de son côté que Kurt Cobain a reconnu les faits lors d'une rencontre privée et que de ce fait, l'affaire n'était pas allée plus loin. Une seule chose peut être affirmée : les relations entre les deux formations sont restées suffisamment bonnes pour que cela n'empêche pas Grohl de rejoindre Killing Joke plus de dix ans après.

 

Après un Break de près de 4 ans, le neuvième album studio, Pandemonium, en référence à la porte des Enfers, est enregistré courant 1994 aux studios York, appartenant à Coleman, en Nouvelle.Zélande et aux studios Butterfly, qui se situent à Brixton et appartiennent à Youth. Ce dernier va d'ailleurs coproduire l'opus dont certaines parties sont enregistrées dans la Grande Pyramide de Gizeh, en Égypte, après une généreuse donation à un fonctionnaire du ministère de la culture. Après une certaine traversée du désert, Killing Joke renoue avec le succès, touchant notamment un nouveau type de public au sein de la scène Metal, grâce à la fusion du son typique du groupe avec des influences plus lourdes et oppressantes sur les 10 nouveaux titres proposés. Coleman puise son inspiration dans les thèmes qui lui sont chers, à savoir la possession démoniaque, le millénarisme, les prédictions et autres prophéties, donnant un rendu malsain et torturé, parfois même dérangeant. Le Single "Millenium" sera très régulièrement diffusé sur les ondes américaines et sera même joué Live sur le plateau de l'émission de Canal+, Nulle Part Ailleurs, en décembre. L'engouement rencontré sera tel que le quintet partira en tournée une bonne partie de l'année 1994 ainsi qu'au cours des premiers mois de 1995. Killing Joke se produit devant un public composé de fidèles mais aussi de jeunes, qui pensent souvent qu'il s'agit d'une formation toute récente (alors qu'ils ont déjà 16 d'existence derrière eux).

 

Avant la fin de l'année 1995, le quintet entre une nouvelle fois en studio pour enregistrer son dixième album studio, Democracy qui sortira l'année suivante et marque un nouveau changement dans le style du groupe. Cet opus est effectivement plus apaisé que le précédent et offre des morceaux qui commencent tous par une introduction à la guitare acoustique, avant de laisser place au son Post-Punk plus traditionnel. Jaz Coleman, anti-impérialiste convaincu met en avant un autre de ses thèmes de prédilection, la corruption du système politique dans les grandes démocraties occidentales et réaffirme l'idée de liberté individuelle. Il alterne des passages calmes et doux tels des murmures, comme il aimait à le faire au tout début de sa carrière, avec des parties beaucoup plus brutales, des hurlements de rage, devenus sa marque de fabrique. Si les 10 titres sortis en 1996 bénéficient d'un bon accueil par la critique et que certains sont même régulièrement diffusés sur les ondes des deux côtés de l'Atlantique, le succès n'est pas aussi retentissant que pour Pandemonium, certainement à cause de ce retour au calme. Le groupe peine à conserver les fans récemment acquis mais part tout de même en tournée, pendant laquelle Youth décide de partir une nouvelle fois et c'est Troy Gregory qui est recruté pour assurer les parties de basse en live. Une fois rentrée, les musiciens vont se séparer et c'est à cette période que commence le plus grand Break que Killing Joke va connaître.

 

Pendant les 7 années qui vont suivre, Jaz Coleman se concentre sur une autre de ses passions, l'écriture pour orchestre symphonique et va ainsi connaître un certain succès, laissant penser que l'ère Killing Joke est bel et bien terminé, d'autant plus que les anciens membres du groupe se font discrets et évitent de se prononcer sur la possibilité d'une reformation. Pourtant, en 2002, le trio composé de Jaz, Geordie et Youth créé la surprise en se reforme et fait appel à Holywell-Walker, qui s'occupait des claviers et de la programmation avant la rupture, ainsi qu'à Dave Grohl (inutile de vous présenter l'ancien batteur de Nirvana et l'actuel chanteur-guitariste des Foo Fighters), qui ne manquera pas d'évoquer l'admiration sans borne que la bande de Kurt Cobain vouaient au combo. Paul Raven est également crédité sur l'album alors que personne ne sait avec certitude qui occupe le rôle de bassiste (puisque Geordie et Youth sont également crédités pour cet instrument) mais c'est bien lui qui assurera la tournée qui suivra, puisque Youth quittera pour la troisième la formation. Le quintet fraîchement reconstitué sort son onzième album studio, intitulé comme le tout premier sorti 23 ans auparavant, Killing Joke. Tout est fait pour que ce nouvel opus fonctionne et le teaser, morceau destiné à appâter l'acheteur, se retrouve sur le sampler mensuel de nombreux magazines musicaux dans le monde entier. La recette fonctionne et séduit le public perdu après Pandemonium, à savoir les Fans de Metal et d'Indus, et fait aussi l'unanimité des critiques, qui saluent souvent ce nouvel opus comme l'un des meilleurs de l'année et qui se classera dans les Charts, à la 43ème place en Grande-Bretagne et à la 65ème en Allemagne. Dans ses textes, Coleman s'oppose farouchement à la guerre en Irak et l'on apprendra plus tard que lui et Grohl souhaitaient utiliser le titre Axis Of Evil dans ce sens, ce qui ne s'est pas fait à la suite d'une erreur. Notre combo va enchaîner une grande tournée couvrant l'Europe, les États-Unis et l'Australie, en 2003 et 2004 et c'est Ted Parsons, un ancien de Prong, qui sera responsable des fûts.

 

Viendra ensuite le temps de la consécration pour Killing Joke, qui organise pour célébrer ses 25 ans d'existence, deux soirées anniversaire dans un petit théâtre de Londres, qui sera remplie à craquer. Mais parallèlement, le combo connaît deux changements de Line-Up successifs : dans un premier temps, c'est le batteur arrivé seulement deux ans auparavant qui cède sa place à un jeune musicien, Ben Calvert. Après la sortie d'un DVD et d'un album Live, XXV Gathering : Let Us Prey, qui contient une interview du chanteur pour l'occasion, ce sera au tour du claviériste de partir, celui-ci étant rapidement remplacé par Reza Udhin, juste à temps pour que le groupe puisse assurer la première partie sur la tournée de l'été 2005 de Mötley Crüe, nouvellement reformé. Coleman laissera échapper quelques piques à l'encontre du groupe et déclarera notamment que le QI additionnés de tous les musiciens dépassent à peine la température ambiante. À peine rentré, le groupe se choisit Prague comme nouveau point de chute et c'est là-bas que naîtra en avril 2006, le douzième album studio de Killing Joke, Hosannas From The Basements Of Hell. Ce nouvel opus cru, brutal et sans artifice n'est pas sans rappeler Extremities, Dirt And Various Repressed Emotions et va bénéficier d'un excellent accueil qui se ressent notamment en terme de ventes. Une nouvelle fois, le combo se lance dans une tournée européenne au cours de laquelle Paul Raven, remplacé brièvement par Kneill Brown, quittera la scène pour monter sur les planches avec Ministry.

 

Face à ce nouveau regain de succès, le quintet s'évertue à ressortir l'ensemble de leurs albums en versions remasterisées et agrémentées de divers bonus et c'est à cette période, en octobre 2007, que Paul Raven décède d'une crise cardiaque alors qu'il effectue des répétitions avec Treponem Pal (qui assurera la première partie sur la série de spectacles qui sera organisé quelques mois plus tard). À l'occasion de ses funérailles, les 4 membres originaux se retrouvent et c'est peut-être à cause de cette prise de conscience de leur propre mortalité qu'ils décident de jouer à nouveau ensemble. Courant 2008, Killing Joke met au point une nouvelle tournée mondiale prévue à l'automne suivant, avec la spécificité d'organiser deux concerts dans chaque ville visitée, permettant ainsi de proposer deux programmes différents : le premier se concentre sur les deux premiers albums du groupe tandis que le second se veut plus généraliste. L'autre élément capital est que cette série de shows est la première à réunir les quatre membres originels depuis 1980 puisque c'est Paul Ferguson qui fait son grand retour à la batterie après 21 ans d'absence et que c'est Youth qui reprend les rennes de la basse. À cette occasion, Coleman annonce que l'album initialement prévu pour cette même année sera repoussée sans préciser de dates, puisque seuls deux morceaux sont finalisés. En juin 2009, le combo fait sa première apparition sur la Mainstage 2 du Hellfest et joue comme tête d'affiche de la seconde journée aux côtés de Machine Head et de The Misfits.

 

Au début de l'année 2010, le groupe annonce que le treizième opus, alors intitulé XIII : Feast Of Fools, devrait être disponible dès le mois d'avril et qu'il sera accompagné d'une nouvelle tournée traversant une partie de l'Europe et des États-Unis mais juste avant de partir, la date de sortie est une nouvelle fois repoussée, jusqu'en septembre, tout comme la série de concerts prévus pour permettre au quintet de finaliser le travail de postproduction. Dans l'optique de faire patienter les fans, un troisième titre est dévoilé dans les revues musicales et la formation sort dès le mois de juin un EP, intitulé In Excelsis sur le label britannique Spinefarm Records, filiale de Universal Music, qui reprend certains titres qui sortiront ensuite sur l'album dont le nom évolue en Absolute Dissent : Feast Of Fools (qui servira en fait à une édition alternative) et la liste de morceaux est également modifiée. C'est en octobre 2010, après un ultime report, que sort le treizième opus de Killing Joke, Absolute dissent et les 13 titres qui le constituent, qui est ensuite défendu sur scène.

 

À son retour, le groupe entreprend de travailler sur un nouvel enregistrement Live, qui devrait être selon Geordie, le plus abouti à ce jour et donc un incontournable pour les Fans, sachant que les membres originels du combo n'ont jamais eu l'occasion de réaliser des prises de son correctes en public. Ce double album, intitulé Down By The River, comprend 20 titres auto-produits qui sortent en version téléchargeable dès décembre 2011 alors que les supports CD et vinyle paraissent en avril de l'année suivante. Parallèlement, Killing Joke repart en tournée à travers l'Europe et à cette occasion annonce la sortie imminente d'un quatorzième opus (le dernier à ce jour), lui aussi pour avril 2012. Les nouveaux 10 titres constituant MMXII (soit 2012 en chiffres romains) sont de nouveau produits par les musiciens eux-mêmes et distribués par le label Spinefarm Records. Un premier extrait, "In Cythera", morceau nostalgique aux sonorités Coldwave évoquant la mortalité, sort sous la forme d'un Clip le même jour et l'ensemble est bien accueilli par la presse spécialisé.

 

En plus de 35 ans de carrière, Killing Joke a traversé plusieurs époques ponctuées de succès et de revers, et de très nombreux changements de Line-Up, dont une grande partie s'explique en raison du fort caractère de son Frontman. Cela a une influence non négligeable sur la musique que le combo a produit, rendant difficile et surtout incorrecte toute tentative de description. Le premier album est très marqué Post-Punk que ce soit dans les thèmes évoqués, les influences ou encore l'esprit contestataire mais le groupe développe déjà son approche musicale au travers de sonorités particulières notamment grâce au guitariste Geordie et à la section rythmique empreinte d'une culture tribale et que l'on retrouve essentiellement dans les premiers albums, sans que cela disparaisse jamais complètement. L'ambiance musicale se veut froide, sale, minimaliste, et déjà industrielle. Mais les influences Punk sont elles aussi bien présentes, comme par exemple, avec cette voix distordue et revendicatrice hurlant son mal-être et sa rage ou encore les riffs crasseux entre deux refrains simples pour être repris comme des hymnes. Il y a dans la musique de ce qui est encore à l'époque, un quatuor un côté mystique, psychédélique avec une basse particulièrement bien mise en avant et qui accentue ce sentiment de transe. Dans cet album pointent aussi des touches de Metal au travers de la basse qui se fait parfois ronflante et un jeu de guitare plus rapide, plus agressif. Le côté New Wave se retrouve quant à lui lorsque les accords de basse et le chant se font plus mélodiques, dansants. Les rythmes martiaux font de discrètes apparitions apportant une touche presque gothique, impression renforcée par le côté mélancolique et torturé de certains morceaux. L'ensemble est donc bien plus complexe que le laisse présager le côté simpliste de la pochette et c'est bien ce savant mélanges d'influences, faisant la part belle à tel genre ou à tel autre en fonction des opus, qui fait la richesse de Killing Joke tout au long de sa carrière : le côté malsain et torturé est particulièrement présent dans le second album et dans Extremities, Dirt And Various Repressed Emotions, qui se veut aussi très engagé politiquement et donc contestataire (et qui signe pour le groupe un retour à ses premières amours après une période d'accalmie), tandis que les sonorités tribales constituent le thème central de Fire Dances, avec ses rythmiques particulièrement endiablées.

 

Revelations est de son côté un peu décousu, se rapprochant tantôt du Rock Progressif, tantôt du Punk, avec une touche arabisante qui inspire parfois les rythmes. Night Time, quant à lui est plus adaptée à une diffusion commerciale, en raison d'un son plus propre et d'un chant qui s'est adouci. Les fans de la première heure juge cet opus comme étant aseptisé et regrettent le côté trop accessible rendant l'ensemble moins intéressant, moins étonnant. Les deux albums suivant, brighter Than A Thousand Suns et Outside The Gate, se situent globalement dans cette même veine avec des synthétiseurs très New Wave et une voix claire, le tout laissant une place de choix aux mélodies très travaillées. Ces opus, plus ésotériques ne sont généralement pas ceux que les Fans retiennent mais ont incontestablement apporté une plus grande visibilité au groupe. Pandemonium est l'album qui a fait connaître le quintet aux amateurs de Metal grâce à un coté Indus très marqué mais on sent de nouveau les influences arabisantes, renforçant le caractère psychédélique que la formation recherche. L'album suivant, Democracy est de nouveau plus apaisé, plus calme, avec l'apparition d'une guitare acoustique et d'un Folk. Killing Joke 2003, qui signe le retour en fanfare du quintet, retombe dans la violence, la brutalité, laissant le chanteur exprimer toute sa rage au travers de textes menaçants et torturés. Hosannas From The Basements Of Hell (en référence aux studios où les répétitions et les enregistrements ont eu lieu : littéralement, "le sous-sol de l'enfer") permet un retour au son brutal, inquiétant et pesant des débuts, avec des moyens techniques très limités et la touche arabisante refait son apparition. La légende dit que Geordie a insisté pour ne jouer ses partitions qu'une seule et unique fois et ses camarades ont décidé de le suivre, aboutissant à un temps de production très court. Dans Absolute Dissent, il y a de nouveau cette alternance de genres avec des morceaux Post-Punk et d'autres plus Electro voire Indus. On y retrouve même une chanson de Dub ! Cet album a permis à Killing Joke de remporter en 2011, le prix de l'Album de l'Année lors des Metal Hammer Golden Gods Awards en Grande-Bretagne. Quant au dernier album studio, il se focalise de nouveau sur la Coldwave, renforçant le côté prophétique presque palpable.

 

Selon Coleman, Killing Joke s’est formé autour d’intentions bien particulières : "définir l’exquise beauté de l’ère atomique en termes de style, de son, et de forme". Saturé de nombreuses sonorités électroniques, de batterie tribale, de basse syncopée et d’un son de guitare rythmique unique, le combo a su sans cesse se renouveler tout en gardant ses spécificités. Le Frontman est très sensible au thème de l'occultisme, qui influence aussi bien sa vie que sa carrière. Cela explique les nombreuses références à ses croyances mystiques et philosophiques qui ponctuent ses textes. L'univers visuel et scénographique de la formation est également empreinte de symboles occultes et politiques. Les thèmes récurrents sont la fin du monde, le retour de l'homme à un état primitif, l'occultisme et le mysticisme, les pulsions violentes voir meurtrières. Le chanteur se fait très critique quand il évoque le capitalisme et ses dérives de corruption, mais également lorsqu'il évoque la volonté hégémonique des grandes puissances qui dirigent le monde. Il rejette le système socio-économique actuel en bloc, prônant la fin inévitable de la société occidentale.

 

Killing Joke est devenu un groupe culte de la période allant de la fin des années 70 au du début des années 80 en raison notamment due mélange efficace de genres tels que Post-Punk, New Wave, Rock Gothique et Metal Industriel : des poids lourds tels que Nirvana, Ministry, Korn ou encore Fear Factory n'hésitent pas à mentionner les Britanniques comme étant une de leurs principales influences. Si vous ne connaissez pas Killing Joke, vous devriez être maintenant curieux de découvrir sur scène ces visionnaires. Ce qui est d'autant plus appréciable, c'est que les membres originels se retrouvent réunis sur scène et c'est donc bien du culte qui nous est réservé pour cette 10ème édition. Rendez-vous samedi 20 juin devant la Mainstage 2 pour voir ou revoir ces légendes en action, à l'occasion de leur seconde participation au Hellfest !

Hellband #149 Killing Joke
Pays : Grande-Bretagne
Année de formation : 1978
Distribution : Spinefarm, Universal
Membres :

Jaz Coleman (Chant, Clavier)

Kevin "Geordie" Walker (Guitare)

Martin "Youth" Glover (Basse)

"Big Paul" Paul Ferguson (Batterie)

Reza Uhdin (Clavier, Programmation)

 

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